Alice Cauvin Hardy, Psychanalyste

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« Je n’ai plus envie de rien ».

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Selon l’OMS (2017), 1 personne sur 5 a souffert ou souffrira de dépression au cours de sa vie. Elle peut concerner tous les âges de l’existence. « Je me sens vide, je n’arrive plus à sortir de chez moi, je n’ai plus d’énergie, j’ai des idées noires, je ne ressens plus rien, je n’ai plus de libido, je n’ai plus de contrôle sur ma vie »: ne restez plus seul(e) avec ces souffrances, obtenez de l’aide.

Quelle différence entre la dépression et la lassitude? La lassitude a la caractéristique de ne concerner qu’une partie de la vie. Une personne sera lasse d’aller travailler, mais ressentira toujours beaucoup de plaisir à retrouver ses amis ou à aller faire du sport. Une autre se sentira lasse de sa vie de couple mais se nourrira encore de la mise en œuvre d’un projet attendu en cours de réalisation ou de passer du temps avec ses enfants. La dépression, quant à elle, concerne l’ensemble des sphères de la vie quotidienne.

Par où commencer? Le chemin débute par la recherche d’une éventuelle cause physiologique (dosages hormonaux, carences…). Une rencontre, même unique, avec un psychiatre est ensuite également préconisée afin de faire le point et de poser un diagnostic. Il convient en effet de distinguer un épisode dépressif d’une dépression. Ponctuel, un soutien médicamenteux pourrait s’avérer bénéfique afin de soulager rapidement ces souffrances du quotidien et de rendre plus disponible au travail de thérapie, complémentaire, qui permettra de comprendre les racines de ces souffrances, d’offrir un soulagement au long cours et de prévenir d’autres épisodes difficiles.

Face à la plainte à tonalité dépressive, le médecin tâche de combattre les maux du corps en s’appuyant sur la pharmacothérapie. Conjointement, le psychanalyste, quant à lui, accueille les mots du corps en s’appuyant sur la parole et l’ensemble de la vie psychique d’un sujet, considéré dans sa globalité.

Malgré une apparente passivité subie, « déprimer », c’est marquer une pause, très active psychiquement – même si elle n’est pas voulue. « Se sentir vide », c’est être aux prises avec une multitude d’affects, d’angoisses et de désirs différents, contradictoires, débordants parfois douloureux – mais vivants. La « déprime » est un temps nécessaire pour s’adapter, se réorganiser, faire face différemment à des évènements de vie, positifs ou négatifs, qui mettent chacun à l’épreuve. Tel un bouclier protecteur, la dépression est un état temporaire qui permet de restaurer ses capacités créatrices et le sens de sa vie. C’est une épreuve riche d’enjeux qu’il revient de démêler dans l’accompagnement thérapeutique afin que chacun puisse (ré-)accéder à la vie – et non plus à la survie.

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